Cette opération de construction de logements répond à une démarche de Haute Qualité Environnementale. Elle s’inscrit dans une opération pilote sur l’ensemble du secteur Frequel-Fontarabie; et elle répond notamment aux engagements du Plan Climat de Paris.
I. INSERTION URBAINE, CONTEXTE...
Les principales configurations du projet sont issues d’une attention précise aux caractéristiques de sa situation urbaine, dont notamment les données suivantes :
- le fait d’être situé entre l’ambiance d’un coeur d’îlot et l’animation hétérogène d’un carrefour faubourien,
- la configuration même de la parcelle, sa forme en « L » et son exposition solaire,
- le fait de constituer un passage débouchant sur le coeur d’îlot et ses jardins,
- ou encore, le mouvement d’enroulement que forme la construction à partir d’un angle de rue, et suivant un strict adossement aux pignons existants, en faisant successivement écho aux divers gabarits voisins.
a. L’expression d’un angle de rues...
L’angle de la rue de la Réunion et de la rue des Orteaux est à l’image des paysages populaires parisiens, de leur complexité : Une diversité d’expressions architecturales s’y rencontre, issue des 4 rues. Le lieu lui-même est pluriel, ambigu : presque placette mais pas vraiment, 4 perspectives de rues très contrastées, 4 à 5 immeubles d’angles aux matériaux et registres architecturaux très divers.
L’architecture que nous proposons veut participer à cette animation urbaine générale. Sa présence s’y manifesterait par une certaine évidence : simple expression de sa construction, doublée du jeu des proportions aux immeubles voisins, et de la qualité précise de l’enveloppe en double peau, ses matériaux : menuiseries bois-métal au premier plan, bois brut naturel et trumeaux maçonnés en second plan.
Ce caractère hybride et familier se manifeste en approchant d’avantage jusqu’à emprunter le passage interieur de la cour ; la perception change encore et évoque alors la présence toute proche du coeur d’îlot ainsi que l’ambiance locale des cours et jardins intérieurs. La succession décroissante des volumes, leurs facettes, le rythme et la légèreté des menuiseries suspendues au-dessus du jardin suggèrent la proximité des façades d’ateliers.
Ainsi, dans l’intervalle de plusieurs corps de bâtiments, s’ouvre un lieu plus privé, une courée-jardin domestique, tournée sur le coeur d’îlot et reprenant la déclivité originelle du terrain. Ce lieu d’usage collectif s’apparente à une allée jardinée peuplée ici et là d’une végétation basse, de jardinières en pots (origines des plantes grimpantes de la treille) et d’arbres situés plus près du coeur d’ilot.
b. Le bâtiment principal (Bâtiments A et C)
Le bâtiment principal est conçu dans ce mouvement général d’enroulement que propose la parcelle : peu profonds afin d’optimiser l’éclairement naturel, ses volumes successifs sont déployés en suivant les lignes de crêtes des héberges, décroissantes vers le coeur d’îlot.
Ses façades menuisées dessinent les facettes d’un grand paravent dont le mouvement général accompagne le passage jusqu’au coeur d’îlot ce principe de déploiement des façades selon la courbe des héberges permet de recueillir un ensoleillement maximal, mis à profit par le système de double peau bioclimatique.
Car, profitant de cette situation de « bâtiment en placard » sur l’héberge, et prenant acte de son exposition solaire favorable, les constructions se dotent d’une façade unique, déployée de façon continue afin d’agir en véritable « manteau bioclimatique ».
Son épaisseur, 40cm en partie courante jusqu’à 1,50 pour les vérandas, permet les apports et régulations climatiques et agit de façon différente selon les conditions météorologiques :
- En hiver, l’espace « tampon », à l’image d’un vide d’air, renforce l’isolation thermique, et amplifie le réchauffement de l’air captif qui est redistribué aux logements.
Au droit de chacun des séjours, des vérandas, agissant selon le principe de serre froide, offrent en outre un supplément d’espace habitable.
- En été, cette double peau est entrouverte, naturellement ventilée ; des stores filtrants- réfléchissants (aluminisés) ajoutent un degré ajustable de régulation ; situés en arrière plan du premier vitrage ils sont à l’abri des vents.
- En mi-saison, l’action combinée des dispositions précédentes permet une adaptation simple et continue à la variation des conditions météorologiques.
c. Le second bâtiment (Bâtiment B)
Le second bâtiment est conçu, quant à lui, selon la volumétrie la plus compacte possible. Cela d’une part pour répondre au plus juste aux héberges auxquelles il s’adosse, mais aussi afin de libérer l’ensoleillement maximal de la parcelle et du premier bâtiment. Sa façade sud reprend le même principe de double-peau, tandis que ses façades ouest et nord, ombragées, sont des écrans pleins maçonnés, fortement isolés.
d. L’organisation interne des logements
Suivant l’adossement aux héberges, la grande majorité des logements (dans le bâtiment principal) s’ouvre principalement au sud et sud-est vers la rue ou le jardin intérieur. Cette disposition optimise les conditions d’ensoleillement et d’éclairement naturel des appartements.
Les plans des logements s’organisent alors selon le principe d’une bande de largeur régulière regroupant les pièces humides le long de l’adossement. Cuisines et salles de bain y trouvent un éclairement et une ventilation naturelle complémentaires par l’intermédiaire de cours dont l’enclos est limité à R+2 ou R+1 sur au moins 3 côtés, donc peu encaissé.
Les pièces principales, chambres, séjours, bénéficient quant à elles du développé de façade favorablement orienté.
Le principe de façade en « double peau » intègre ici les dispositifs de régulation thermique et lumineuse que sont les stores ; et son déploiement sinueux varie en épaisseur jusqu’à intégrer les vérandas dont sont dotés tous les séjours.
Ainsi, un même principe typologique organise la plupart des logements où, depuis la bande technique située le long de l’héberge, une séquence cuisine / séjour / véranda s’ouvre en direction du jardin central.
e. Le dessin des toits
L’étagement en décroissance des volumes depuis la rue jusqu’au coeur d’îlot a motivé un soin particulier apporté au traitement des toitures.
Les toitures les moins élevées présentent toutes un dessin précis et une parenté générale : aucune machinerie n’y est présente grâce à l’adoption d’un système de «VMC inversée», c’est-à-dire une motorisation de ventilation située en sous-sol ; dès lors ces toits sont des terrasses jardins (optimisation de l’inertie thermique et rétention de l’eau de pluie).
Leur dessin distingue deux types de traitement :
- une bande plus étroite, côté héberges, plus brune, composée de graviers qui suit la composition des plans de logements, et correspond ainsi à la bande « technique » des pièces humides et leurs ventilations; elle permet également de tenir à distance des mitoyens la végétation des toits, et elle accueille les tubes transparents et horizontaux (posés à plat sur le toit) des panneaux solaires (production d’ECS);
- une surface plus étendue, toiture végétalisée, correspondant aux emprises des pièces sèches, elle est totalement exempte de tout dispositif technique.
- enfin, la toiture la plus élevée et la moins visible (volume R+5 du bât.A) au droit des héberges les plus hautes accueille sur son ensemble des panneaux solaires identiques aux autres, soit des tubes horizontaux posés sur le gravier noir.
f. Les matériaux de façade
Le projet se veut une réponse nuancée à la diversité des ambiances et paysages urbains cohabitant sur le site, tout en adoptant une approche rationnelle de la mise en oeuvre et des systèmes constructifs.
L’ensemble des enveloppes est donc conçu selon un principe qui, soit associe, soit dissocie structure béton et enveloppe à isolation renforcée. Les parements diffèrent donc ainsi :
- murs pleins isolés par l’extérieur, pour les façades ombragées (bât. B ou courettes A et C),
- poteaux intérieurs et parois vitrées menuisées en double peau pour les façades ensoleillées.
Les façades sont alors de trois types :
- 1er type : les façades sur rue et cour sont faites de menuiseries bois-alu et composée en double peau c’est-à-dire, une peau externe en menuiseries coulissantes, à l’arrière de laquelle une seconde peau est composée de l’alternance trumeaux-baies où les trumeaux sont en béton teinte greige, et les baies en menuiseries bois ouvrantes à la française.
Toutes ces menuiseries (1ère et 2ème peaux) sont ouvrantes de dalle à dalle, un garde corps métallique continu ainsi que des stores d’occultation solaire sont insérés dans l’intervalle des 2 peaux.
Ponctuellement, au droit des séjours, l’espace interne de cette double-peau s’épaissit constituant alors des vérandas, le garde-corps devenant ici extérieur. Les murs capteurs (trumeaux) et les vérandas répartis sur les façades sud et sud-est des différents corps de bâtiments constituent un dispositif permettant des apports thermiques complémentaires, sous forme d’apports passifs.
Des nez de dalle plus ou moins débordants selon les situations (parties courantes ou vérandas) constituent des bandeaux-corniches qui identifient chaque niveau de plancher. Les façades du Rez-de chaussée sur rue et première partie de la cour-jardin coté rue, sont traitées comme de larges vitrines, filantes devant le commerce, la clôture sur rue de la cour et le hall du bâtiment B. Les menuiseries de ces vitrine sont en aluminium anodisé naturel et raidisseurs bois intérieurs. Un bandeau d’imposte filante au dessus des vitrines, ainsi que deux parties pleines (stèle pour gaines techniques, et portail d’accès parking) situées à chaque extrémité de ces vitrines sont traités de façon identique par une résille métallique ajourée, du type métal déployé en aluminium anodisé naturel.
- 2nd type : les façades des courettes sont des façades maçonnées, traitées en enduit ton anthracite sur isolant et munies de baies aux menuiseries en aluminium ton anthracite ou anodisé naturel.
II. ORGANISATION FONCTIONNELLE
a. Les accès
L’accès général à la parcelle est double : sur la rue des Orteaux pour l’entrée principale, et sur le futur passage public pour l’accès secondaire depuis et vers le coeur d’îlot. Un cheminement interne à l’opération traverse la totalité de la cour-jardin en suivant la déclivité du terrain naturel. Il sinue entre les plantations pour relier les deux points d’accès (rue et passage public) et desservir dans l’intervalle, les seuils successifs des halls, des locaux communs et des logements situés à rez-de-jardin. L’ensemble du programme des 20 logements est distribué selon 3 cages d’escaliers désignant 3 corps de bâtiments plus ou moins distincts :
- Bât.A, un noyau d’escaliers et ascenseur dessert les 9 logements situés dans les étages du volume principal côté rue ; il relie également le parking souterrain de 17 places.
- Bât.B, une cage d’escalier dessert les 4 logements situés dans le second bâtiment en R+3, côté rue également.
- Bât.C, une cage d’escalier, ouverte en patio, dessert les 3 logements situés en étage du troisième corps de bâtiment.
(NB : les 4 logements situés en Rez-de-jardin au coeur de la parcelle sont directement accessibles de plain-pied.)
Autour du jardin central collectif, chaque corps de bâtiment accueille un des locaux communs :
- ainsi le bâtiment principal, bât.A, accueille les locaux commerciaux, l‘accès piéton au parking, par ascenseur et escalier;
- le second corps de bâtiment sur rue, bât.B, abrite l’accès principal de l’opération comprenant l’ensemble des boîtes aux lettres, le local d’entretien et le local poubelles, ainsi que la rampe d’accès au parking souterrain, située donc au plus loin de l’angle Réunion-Orteaux;
- le troisième corps de bâtiment, bât.C, par sa position centrale au coeur de la parcelle, accueille le local vélos/poussettes.
Un ensemble de locaux techniques est implanté en sous-sol à proximité de la chaussée; il accueille l’arrivée des réseaux, la centrale de ventilation, la chaudière, la production- stockage d’eau chaude sanitaire et un local électrique Basse Tension.
b. Les espaces extérieurs (VRD – Espaces verts)
La cour-jardin aménagée au niveau du RDC depuis la rue jusqu’au passage public qu’il rejoint en fond de parcelle s’étend donc d’abord au-dessus de l’emprise du parking puis en pleine terre. Son traitement est similaire et continu d’une extrémité à l’autre, il comprend des cheminements minéraux ménagés dans une surface générale perméable, très drainante, faite de graviers, de graminées et d’arbres de moyen développement aux feuillages légers et lumineux, du type alisiers blancs ou albizias.
Sont également prévus les points d’éclairage encastrés au sol (balisage), les raccordements du bâtiment aux voiries existantes, et une clôture en acier galvanisée mise en oeuvre au droit de la limite de propriété sur le passage public (avec portail muni d’un dispositif de contrôle d’accès).
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